Difficile de croire que la Bretagne a été un jour l’épicentre de conflits armés…Et pourtant, elle fut le théâtre de luttes éprouvantes pour maintenir à tout prix son indépendance, à l’époque médiévale, face au royaume de France ! Découvrez la passionnante histoire des Marches de Bretagne.

Un territoire singulier né aux confins disputés de Royaumes rivaux pendant le Moyen Âge

Telle une véritable partie d’échecs grandeur nature, le dispositif défensif des Marches de Bretagne s’étendait sur toute l’extrémité Est du duché de Bretagne, entre Manche et Atlantique (du Mont-Saint-Michel à Machecoul).

Les Marches de Bretagne constituaient à l’époque médiévale une zone frontalière séparant le duché Breton, alors indépendant jusqu’au XVe siècle et le Royaume de France.

C’est au cœur de ce système de défense des plus audacieux, avec plusieurs dizaines de monuments construits, que s’est joué le destin de la Bretagne…

Les sites patrimoniaux de la Destination RENNES ET LES PORTES DE BRETAGNE situés au cœur des Marches de Bretagne

Les Marches de Bretagne : bien plus qu’un territoire uniquement conflictuel

L’époque des Marches de Bretagne, ce n’est pas uniquement une histoire jalonnée de conflits entre seigneuries et royaumes adverses. C’était également un fabuleux carrefour d’échanges et d’influences croisées en temps de paix, échappant à la tutelle seigneuriale et sa fiscalité abusive. En effet, l’existence de cette zone de Marche a donné lieu au développement de foires et marchés prolifiques bénéficiant de ces terres sans taxation. En subsistent alors des cohues et halles, mais aussi, plus nombreuses qu’ailleurs, de belles continuités de maisons urbaines en pans de bois sculptés.

Une terre disputée puis longtemps oubliée et qui renaît aujourd’hui au travers du réseau de l’Aventure Médiévale : un projet touristique qui vous propose une échappée étonnante au cœur des Marches de Bretagne ! 

Les sites patrimoniaux des Marches de la Destination Rennes et les Portes de Bretagne

De nombreux vestiges demeurent aujourd’hui sur ce terrain des régions de contacts entre Bretagne et France au Moyen-Age. Le réseau de l’Aventure Médiévale entend mettre en avant ces différents sites implantés au cœur de la Destination Rennes et les Portes de Bretagne pour vous faire vivre une expérience culturelle et patrimoniale inédite. 

1. La forteresse de Fougères

A Fougères, c’est la forteresse la plus importante du dispositif défensif breton qui est sous vos yeux. Elle figure parmi les architectures militaires médiévales les mieux préservées d’Europe. Mais quelle surprise de ne pas la voir perchée en hauteur ! En effet, le château de Fougères, situé en contrebas de la ville, n’était pas destiné à être vu des envahisseurs mais bien au contraire, de les prendre par surprise. Témoin de nombreuses innovations techniques et architecturales de l’époque, il a d’abord été érigé en pierre à partir de 1170 par le baron Raoul II puis a ensuite été acquis par les ducs de Bretagne dans les années 1430 après sa prise par Duguesclin. En tant que pièce maîtresse du système de défense du territoire (encadré au Nord avec la Normandie qui appartient aux rois d’Angleterre et à l’Est avec Laval et les rois de France), il sera le théâtre répété des conflits et batailles à la frontière du duché pour la défense de son indépendance. Le destin du château résonne aussi de ces éclats dans la ville qui l’entoure.

Si ce château n’a désormais plus de secret pour vous, nous vous conseillons de suivre la promenade des balcons de Fougères qui offrira des points de vue exceptionnels sur la forteresse depuis son jardin public ou les carrières du Rocher Coupé.

©Yannick LE GAL

2. La forteresse de Vitré

Plus au sud, le château de Vitré domine de 30 mètres la Vilaine sur un éperon rocheux. Aux confins de la Bretagne, de la Normandie, du Maine et de l’Anjou : la ville de Vitré occupe elle aussi une situation hautement stratégique ! Construit par le baron André III de Vitré vers 1220-1240, le château défensif de pierre se transforme rapidement en résidence seigneuriale sous l’impulsion des Laval, héritiers de la baronnie. Le développement du commerce du canevas, toile de lin ou de chanvre servant aux voiles des bateaux, ouvre la ville de Vitré aux mondes lointains et nourrit sa prospérité. La confrérie des Marchands d’Outre-Mer, fondée en 1473, en est l’un des aboutissements. Liée à la France, la forteresse de Vitré est plutôt préservée des luttes du duché. Parfaitement conservée, la forteresse abrite aujourd’hui la mairie et un musée. À ses pieds, s’étend la vieille ville avec ses ruelles médiévales et ses maisons à pans de bois.

Pour un point de vue plus original sur le château, n’hésitez-pas à le contourner et à aller au niveau du Pré des Lavandières, d’où ses tours vous apparaîtront bien plus majestueuses.

©Noé C. photography

3. La cité historique de Rennes

Ville capitale du duché breton avec Nantes, Rennes accueille notamment pendant la période médiévale, la cérémonie du couronnement des ducs qui, à la veille de leur intronisation, entrent dans la ville par les Portes Mordelaises. Nœud routier situé au cœur du duché, la ville de Rennes fait se croiser beaucoup de populations : marchands, artisans, populations en quête d’un refuge face aux conflits qui les touchent, pèlerins, étudiants,…dont le témoin de cette dynamique est le couvent des Jacobins. En 1489, les fiançailles d’Anne de Bretagne et Charles VIII y sont organisées, scellant définitivement le destin de la Bretagne.

© Franck Hamon

4. Châteaugiron, son château et sa cité médiévale

Obtenant des terres du duc Alain III de Bretagne à un emplacement stratégique entre Rennes et Vitré, les barons de Châteaugiron y construisent un château. Leur fidélité au Duc de Bretagne leur vaut d’occuper des charges importantes auprès du Duc, notamment celle de Grand Chambellan. Rattaché par la suite au sire de Combourg puis à la baronnie de Derval, Châteaugiron devient un lieu de résidence privilégié pour ses seigneurs. Amateur de lettres, Jean de Derval y entretient Pierre le Baud, chroniqueur de l’histoire de Bretagne à la demande d’Anne de Bretagne.

Rendez-vous donc à Châteaugiron pour découvrir son histoire médiévale et faites un mini détour pour aller à l’étang de la ville, depuis lequel vous aurez un beau point de vue sur le château.

A ne pas manquer : la découverte de la chapelle médiévale aujourd’hui centre d’art (Les 3 Cha), la visite audio-guidée de la Petite Cité de Caractère et les visites guidées du château.

© A. Lamoureux

5. La Guerche-de-Bretagne

Située à la frontière du duché, en position de carrefour car au contact de l’Anjou, La Guerche-de-Bretagne s’affirme comme une cité marchande de produits agricoles, également animée par la fabrication de toiles et le tannage des peaux. Ces marchandises transitent par le biais de la cohue (halle couverte qui occupait toute la place devant la collégiale), du marché institué en 1121 et des foires angevines. La cohue de La Guerche figure parmi les plus précoces de Bretagne. Cette ville est le témoin parfait de ce caractère de « zone à intérêts mixtes » que constituaient également les Marches de Bretagne avec des intérêts seigneuriaux partagés entre la Bretagne et l’Anjou, une importante zone forestière pourvoyeuse de nourritures, de matériaux et d’énergie, des échanges commerciaux, etc. Visiter La Guerche aujourd’hui c’est découvrir certains témoins architecturaux qui permettent d’entrevoir ce qu’était l’activité marchande au Moyen-Age.

©Destination Rennes et les Portes de Bretagne

6. Saint-Aubin du Cormier

Fondé sous l’impulsion du Duc de Bretagne lui-même, Pierre de Mauclerc en 1223, le château de Saint-Aubin-du-Cormier entend surveiller les barons de Fougères et de Vitré placés à la frontière du duché. Repère stratégique, Saint-Aubin-du-Cormier s’affirme dans les mémoires à travers l’épisode de résistance qui s’y est joué le 28 juillet 1488… Soldant la défaite des Bretons face aux Français, il constitue alors la première étape symbolique vers le rattachement de la Bretagne à la France à compter du XVe siècle.

©A. Lamoureux

Plus d’informations : Circuit de découverte de Saint-Aubin-du-Cormier

7. Le village médiéval de Chevré à La Bouëxière

Né de la méfiance des barons de Vitré (proches des Français) face à l’incursion des Ducs de Bretagne à Saint-Aubin-du-Cormier, la motte de Chevré est le témoin à la fois du rôle et des liens de la campagne avec les seigneuries (parc de chasse du gibier pour le baron, ravitaillement en poissons, droits banaux…) et des rivalités internes qui ont pu se déployer au sein des Marches de Bretagne.

Le site de Chevré à La Bouëxière est un exemple de petit bourg castral bien conservé. L’ensemble fortifié actuel est composé de deux parties principales : une motte surmontée d’un donjon et d’une basse-cour. La chapelle castrale située à proximité a dû être fondée peu après le château, à la fin du XIIe siècle. Elle a conservé de cette époque sa façade pignon et une partie des murs. Le bourg castral s’est développé très tôt autour de la fortification, avec la création de l’étang. Le pont qui le franchit subsiste dans son état d’origine, qui semble être celui du XIIIe siècle.

©Anne Sarrazin Borde

8. Château de Marcillé-Robert

Appartenant à la baronnie de Vitré, le château de Marcillé-Robert est construit au XIIIe siècle à l’initiative d’André III de Vitré, sur un modèle hors du commun, unique en Bretagne. Dépourvu de donjon, il comprend six tours écrêtées, mais dont la plus haute atteint encore 11 mètres. On ne connaît que de rares forteresses du XIIIe siècle dotées d’un tel plan centré (en France, en Angleterre, en Italie ou encore en Israël). Après leur victoire, les troupes françaises incendient et démantèlent le château en 1595.

A partir du mois de juin, découvrez l’architecture de ce château, unique en Bretagne, avec l’intermédiaire de l’application ludique Missions Roches au Fées (Appstore/Google Play) où vous l’on vous contera l’histoire de ce château, sa construction mais aussi la vie quotidienne s’y déroulant à la période médiévale.

© Roche aux fées communauté

9. Motte féodale de Baron à Guipry-Messac

Tout à la fois, empreinte d’une dépendance seigneuriale liée aux seigneurs de Lohéac, lieu de péage et de défense, la motte de Baron bénéficie d’un emplacement stratégique sur les hauteurs de la Vilaine. Cette dernière, comme tout cours d’eau à l’époque médiévale, constituait un axe de circulation privilégié pour les marchandises. Relié ainsi à Redon par le fleuve, Guipry-Messac devient un haut lieu de passage pour la remontée du sel depuis Guérande (d’autant plus que la Bretagne est exemptée de gabelle!).

©Destination Rennes et les Portes de Bretagne

10. Motte du Châtel à Marcillé-Raoul

Un site castral à l’origine de grande ampleur car étendu sur plus de 2 hectares, dont la fortification a été initiée par le baron Raoul II de Fougères, est passé de la motte à l’enceinte fortifiée entre le XIe et le XVe siècle. Le site des buttes du châtel est composé de 2 mottes de terre inégales (15 et 8 mètres de hauteur, séparées par un fossé de 5 mètres de profondeur). Militairement peu utilisé, le site a surtout eu un rôle identitaire, d’affirmation d’un pouvoir seigneurial sur un territoire.

© Office de tourisme Couesnon Marche de Bretagne

11. La Tour Duguesclin à Grand Fougeray

Construit par Jean II de Rieux, maréchal de France, le château de Fougeray, dont il ne reste aujourd’hui que le donjon du XIVe siècle (sur les 9 tours d’origine), est attaché à l’un des exploits du célèbre Bertrand Duguesclin. Ce dernier aurait repris le château par ruse aux Anglais en 1350 en se déguisant en bûcheron !

©Destination Rennes et les Portes de Bretagne

Après ce tour d’horizon sur l’histoire des sites patrimoniaux du réseau de l’Aventure Médiévale, n’hésitez-pas à vous rendre sur place, ils ne seront que plus majestueux ! Et pour pimenter vos visites, découvrez l’article sur les 8 expériences médiévales. Bonnes découvertes patrimoniales !